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    Thilde sortit de la bergerie et bloqua le loquet. Elle commençait à se lasser de ces après-midi passés à veiller sur les moutons. Elle ne pouvait se contenter de ces heures figées dans l’attente, elle avait besoin de bouger, vérifier les plants du potager ou préparer le caillé, n’importe quoi mais s’occuper.  

    Même si ses pensées dérivaient toujours vers Lukas et lui offraient de doux moments de rêverie.  


     Blog de lukasloup : Lukas, coeur de loup, Episode 30

    Son coeur s’emballa au souvenir de son étreinte de l’autre soir, et s’affola quand elle le vit arriver, rayonnant, son bâton sur l’épaule. Il s’approcha, lui effleura la joue du revers de ses doigts et son regard ardent la brûla.  

    Lukas si près de Thilde que leurs  âmes se mêlaient, s’imbriquaient en une danse invisible mais qu’ils ressentaient intensément.  

     

    Là-bas, en bas du village un chien aboya, sitôt repris par un autre, encore et encore ; ça n’en finissait pas. Des aboiements insistants, furieux, accompagnés d’un bruit de roues sur les cailloux de la ruelle.  Lukas et Clothilde redescendirent vers le puits collectif en se demandant la raison de cette agitation.  

     

    Quelques paysannes, devant leur porte, regardaient ceux qui arrivaient sur le chemin. Ils étaient rares les inconnus qui passaient par les Forges.  


    Quatre chevaux peinaient à tirer des roulottes de bois et de toile qui bringuebalaient sur les pierres. Ils allaient lentement, soulevant un nuage de poussière brune. Les hommes marchaient d’un pas lourd près des attelages, le licol en mains ; les bohémiennes perchées haut sur les sièges de guingois, cramponnaient leurs gamins crasseux pour qu’ils ne tombent pas. Ils étaient silencieux et leurs yeux sombres semblaient sans joie. De temps à autres, une tête cognait contre le bois d’une carriole.  


    Sur les côtés de la dernière roulotte étaient accrochées des gerbes de joncs séchés, des javelles de paille de seigle et des brassées de roseaux. Les bouquets secs se balançaient au bout de leur ficelle. Derrière le convoi un chien fatigué se traînait sur les pas de son maître. Le bohémien porta son flûteau à sa bouche et se mit à jouer sans conviction une mélodie incertaine. Tout habillé de noir et auréolé de ténèbres, il réajusta sur sa tête son chapeau au large bord.  

    Assis sur le bord de l’abreuvoir Lukas et Thilde regardaient s’approcher la smala. Les sabots des chevaux heurtaient les pierres et les roues grinçaient, recouvrant les aboiements.

    Lukas reconnut immédiatement le bohémien et l’observa avec attention. En passant, l’homme abandonna le flûteau à son lacet et dévisagea Clothide de son regard perçant. Lukas se raidit ; il avait remarqué de la convoitise bestiale dans ses yeux. Gênée, la jeune fille baissa la tête et se détourna.

    La détaillant de la tête aux pieds, il continua son chemin presque à reculons, si bien qu’il trébucha sur le chien qui marchait trop près de lui. Irrité, il lui jeta un coup de pied et l’animal se précipita vers Lukas en geignant. Le jeune homme prit le chien tremblant dans ses bras et lança un regard glacial vers la brute. Alors le bohémien tourna les talons et se pressa pour rattraper les roulottes en éclatant de rire bruyamment.

    Un rire rocailleux qui lui glaça le sang. 


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