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    "Il y a des figurines qui dansent.

    Des notes comme des gouttes d'eau, qui tombent sur le carreau d'une fenêtre.
    Les larmes qui pleuvent du ciel de nos vies, la vibration qui fait courir le frisson et provoque l'émotion.
    Magique et inexplicable, ça passe comme un regard sur le grain des peaux.
    Il suffit parfois d'une seule note et le silence se fait, magique instant où le son captive une foule quelques secondes..
    Le sanglot long d'un violon, lancinant, qui passe sur nos cordes sensibles.
    La descente aux enfers des touches d'ivoire d'un piano triste, c'est comme une caresse. Ou un scalpel.
    C'est aussi l'ascension au Paradis pianoté à contre sens et qui remonte toutes les pentes..
    Un rire clair en noir et blanc, qui se joue tragédies.

    La gravité d'une gamme c'est le chagrin là qui nous étreint, il est des accords qui font fermer les yeux.
    D'autres qui nous emportent et font oublier. Certains font même les deux.

    Il y a dans la musique des influences venues du bout des mondes, étrangères les unes aux autres et qui se mêlant, se fondent sans jurer... ni se parjurer.
    De ces essences l'on tire les morceaux les plus beaux. Les fruits les plus riches.
    C'est là qu'on se demande..

    Ce mélange là, me parle d'une journée d'Octobre, je vois danser une figurine dans des feuilles pas encore tout à fait mortes...
    Dans la lumière d'un soleil tiède pour la dernière fois.
    J'aimerai bien avoir un arbre arc-en-ciel dans une serre gigantesque, avec un tronc multicolore... Et des feuilles qui ne tombent pas, faute de saison.

    Tiens l'instrument joue un solo qui parle chaleur et moisson.
    Mon oreille fait fleurir un paysage. Comme les violons de l'Eté de Vivaldi, le bourdonnement plein d'allant et d'allégresse, le fourmillement de la vie et le vent qui fait danser l'or du blé mûr dans les champs...

    C'est aussi un vent du Nord, le froid en cristal, en paillettes sur des branches déshabillées. Et une figurine plus pâle encore dans le blanc du décor, un lac gelé qui vit par en dessous, pétrifié.
    La buée, le givre qui ennuage son souffle et fait craquer son pas promeneur.
    Elle traine son âme comme la musique porte et transcende la peine...

    Des notes gouttent et tombent encore, c'est l'appel du désert pour quelques uns... Des dunes qui oscillent et avancent dans l'ocre orangé de milliards de grains, mais la figurine est déjà loin...

    Ce ne sont que des mots et c'est la musique qui les imagine, car elle est messagère et chacun l'entend à sa façon.
    Si l'on a créé le canon pour tonner la colère, on a aussi inventé la musique pour dire tout le reste. Car tout se compose et se décompose.

    Elle est expression dans la forme et la mesure..

    Un battement de coeur pris sur le vif.
    C'est comme les figurines qui dansent, sans   mots, sans quelques notes elles ne seraient que   des ombres..
    Des noms dans des tiroirs vides..

    Mortes.

    Il suffit parfois d'un seul piano, d'un seul   violon, deux compères fait de bois, un peu   d'ivoire, quelques cordes à leurs arcs qui ne   tueront jamais personne.
     

    Ils vous arrachent une larme et vous serrent la   gorge.

    Comme les figurines qui dansent parfois, ici ou là, même sur leur socle. Dans leur carrousel.

    On les aime jusque dans de classiques ballerines, ornées de leur tulle, mécaniques fragiles que l'on remonte. Elles tournent sur elles mêmes, porcelaines, sur des notes encore plus fragiles qu'elles. Petites mélodies claires et argentines.

    Le ballet de nos enfances, impérissables souvenirs, on les retrouve toujours avec le même sourire, celui qu'on pose sur autrefois.

    Il en est ainsi des notes, de la musique et des figurines qui dansent. Leurs expressions sont faites de chagrins, de joies, de désespoir et puis d'entrain. Elles sont crescendo, rondes et odes, simples ritournelles.
    Vivantes car on les anime et qu'elles sont l'invention de quelque chose, de quelqu'un, l'inspiration subite, l'expression la plus juste du ressenti.

    Dans un violon il y a des voiles qui se balancent, qu'ils soient de fenêtres ouvertes sur le vent du large, ou de bateaux en partance ou encore ceux d'une figurine qui danse..
    Ils ont le même mouvement, il a pour nom évasion et liberté.

    L'aigu ou le grave nous transportent, par monts et par vaux, de bas en haut et nous accompagnent du rire aux larmes.
    Il y a des notes qui trainent en longueur, qui emmènent l'épaule ou la tête et font se mouvoir sans le vouloir..

    Il y a des figurines qui dansent sur ces fils là qu'on appelle diapasons. Dans le creux d'un temps, la ligne d'une partition. Ou encore quelques cordes qui les pendent à leurs cous.
    Des "La" intermittents et qui n'en sont pas vraiment, des "Si" à foison, des "Do" tournés, des "Mi" par milliers, Des clés de "Sol" comme celles des champs qu'on ne saisira jamais..
    Des grands majeurs, importants qui marquent leurs empreintes, des mineurs précieux comme des choses simples.

    Suffit parfois d'un seul violon et d'un piano pour ressentir autant de choses.
    Plus qu'avec n'importe quels mots, même les plus beaux.
    Et il y a des figurines qui dansent, dans des voiles transparents, à des fenêtres et qui regardent passer des bateaux, onduler des champs de blé, ou encore avec des vues sur lac gelé...
    Tout dépend du pays ou de la saison, que les branches soient déshabillées ou non...

    Il y a aussi des figurines qui tournent sur elles mêmes, sans savoir où la musique les mène...
    Et qui pleurent parfois des notes salées, qui tombent claires et argentines comme des gouttes d'eau..
    Et qui se laissent aller à un sanglot le temps d'un violon maestro..
    Et le rire d'un enfant parmi tant d'autres dans l'archet d'un virtuose et dans le bourdonnement joyeux d'un été de Vivaldi... Ou d'un concerto.

    Il y a tellement de choses, de gens, de ressentis dans la musique...
    Et surtout des figurines qui dansent... Par centaines de milliers mais qui restent seules dans des mondes vides de sens, de réalité..."

     


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    Emission  "I am a singer"

    Etape 9 - 18 mars 2017

     

     


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    Emission  "I am a singer"

    Etape 8 - 11 mars 2017

     

     

     

     


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