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Par Zébulyne le 9 Décembre 2011 à 20:41
Lukas dépassa le sentier qui menait aux bois Jandreau et continua son chemin jusqu’à la masure de la Jeanne. Il se promit de faire un détour par la clairière avant de rentrer au village. Il en avait tellement envie… Mais pour l’heure il voulait demander à la vieille guérisseuse des plantes pour sa maman. Elle vivait à l’écart de tous à l’orée du petit bois des Groppes. Il trouva la vieille femme non loin de sa maison, traînant avec peine un seau d’eau qu’elle venait de puiser à la rivière. Lukas se précipita pour la décharger de son fardeau. Elle s’arrêta un peu pour reprendre son souffle avant de rejoindre le garçon qui avait déjà franchi les trois marches effondrées menant à son logis.
- Merci mon grand, tu es arrivé à point...
Il lui tendit une main pour l’aider à monter.
- Vieille Jeanne... j’ai besoin d’un remède pour la maman
- Entre donc et explique-moi ce qui ne va pas... dit-elle en poussant Lukas vers l’intérieur sombre de la bicoque.
La lourde porte se referma sur eux.
Une heure après il ressortait de chez la Jeanne confiant ; il tenait serrée contre sa poitrine une grosse aumônière en peau remplie d’herbes séchées et fermée par un lacet. Il se répétait les consignes qu’elle lui avait données pour soulager l’Adèle. Il courait presque sur le sentier des grands bois, car il filait vers la clairière du Diable comme prévu. Il était encore tôt et il comptait bien en profiter pour voir ceux qu’il avait entendus pendant la nuit. Alors qu’il s’engageait entre les premiers chênes, il noua le lacet de l’aumônière à sa ceinture pour ne pas la perdre.
Il avançait vite et il voyait déjà se profiler derrière les arbres la masse noire de l’énorme roche. Il ralentit pour se faire plus discret mais poussa plus avant que la dernière fois. La clairière était calme, comme désertée. Seuls quelques bruissements de feuilles et de souffle de vent dans les branches troublaient le silence. La rivière qui cascadait plus loin derrière les roches racontait ses clapotis d’eau. Il se posta là, accroupi au pied d’un châtaignier centenaire. Immobile il figea aussi ses pensées pour ressentir pleinement la nature qui l’entourait, en décoder le moindre signe et percevoir le plus léger mouvement. Il guetta longtemps, mais il ne se passa rien.
Ses jambes ankylosées l’obligèrent à se remettre debout. Il se frictionna les cuisses avec vigueur, secoua un pied puis l’autre et jugea qu’il était grand temps de rentrer aux Forges. Il reviendrait demain après l’école, le plus urgent était de rapporter la tisane à sa très chère mère.
Il cheminait d’un bon pas, le nez au vent humide et une main sur l’aumônière quand il entendit loin derrière lui le bruit d’une cavalcade qui se rapprochait rapidement. Il se retourna un bref instant mais ne vit rien, alors il se signa et se mit à courir. La sarabande s’amplifiait, les branches mortes écrasées craquaient et des grondements rauques lui arrivaient par bribes. Il courait, de ses mains en avant il repoussait les branchages bas, il courait vite, de plus en plus vite, il s’essoufflait, il avait un point de côté … et ces sous-bois qui n’en finissaient pas, il pensait que jamais il n’atteindrait le chemin.Il tourna la tête vers l’arrière, s’arrêta et fit volte-face en se penchant en avant, une main sur son ventre… ils étaient là, juste à quelques mètres et fonçaient sur lui… Contre toute attente les deux loups stoppèrent leur course folle. Alors que l’un des deux s’agitait dans les taillis en grondant, le plus clair se tenait debout devant Lukas et le fixait de ses yeux jaunes, les oreilles bien droites. Sa queue s’abaissait peu à peu. Le garçon sentait la peur s’insinuer en lui, il haletait mais ne bougeait pas ; la sueur perlait sur son nez. Il ne savait que faire : attendre comme ça immobile ou reprendre sa fuite et finir dévoré.
Le loup gris décida de son destin. Il bondit des fourrés d’un coup et se rua sur Lukas pétrifié. Au même instant l’autre loup se jeta sur son congénère pour contrer son attaque. Les deux bêtes s’abattirent sur la poitrine du garçon qui bascula sur le côté. Dans sa chute sa tête heurta un tronc et il s’écroula au pied d’un grand chêne.
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Par Zébulyne le 9 Décembre 2011 à 20:43
Lukas reprenait peu à peu ses esprits. Il sentait un souffle chaud sur son visage, et sur son front meurtri la douceur d’une langue humide. Il sourit intérieurement en pensant à ce brave Finaud qui l’avait cherché et retrouvé.
- Bon chien… tu t’es inquiété hein… murmura-t-il en promenant une main chercheuse sur le côté. Ses doigts rencontrèrent le pelage de l’animal qui s’éloigna immédiatement de sa portée dans un froissement de feuilles, comme apeuré.
Surpris, le garçon ouvrit les yeux et s’assit, regardant autour de lui. Il crut alors défaillir de stupéfaction.
‘Oh mon dieu, comment c’est possible…’ pensa-t-il
Le loup beige, non loin de lui allait et venait entre les buissons en gémissant. Puis il se planta à quelques pas et regarda Lukas avec curiosité.
Celui-ci, les deux mains à plat sur l’humus, entre crainte et fascination, repensait à cette langue qu’il avait senti sur son front écorché. Ainsi cette bête féroce s’était approchée pour lécher sa blessure… ?! Et l’autre loup… s’était-il sauvé ou guettait-il quelque part ?
Que faire maintenant ? Il chassa sa peur et se fia à son intuition. Il observa l’animal avec autant d’intérêt qu’il semblait lui porter.
Sa fourrure claire presque blonde l’étonnait. On lui avait toujours parlé de loups gris ou noirs. Seuls son dos et le dessus de sa tête contrastaient par une couleur fauve plus soutenue, frottée d’une ombre cendrée. Bien que perçant son regard ocre ne reflétait aucune agressivité. Lukas essaya d’imiter les gémissements entendus l’instant d’avant ; l’animal pointa ses oreilles vers l’avant et répondit en geignant. Cette réaction l’encouragea à tenter une invitation plus concrète. Dans un geste infiniment lent il leva une main du sol et la tendit vers le loup, paume tournée vers le ciel. L’animal tressaillit en un mouvement de recul et ses oreilles se plaquèrent sur sa tête.Effarouché il bondit alors brusquement dans les fourrés et prit la fuite. Lukas eut juste le temps d’apercevoir des mamelles sous le ventre crème. C’était donc une louve qu’il décida sur le champ de baptiser Blondine. Cette louve l’avait défendu de l’attaque de son semblable et ça, ça le stupéfiait.
*******
Le garçon fit son entrée dans le village en courant. Les giboulées qui dégringolaient sur la campagne trempaient ses épaules et son dos, mais il riait tout seul de cette douche impromptue. Il ralentit et offrit son visage à la pluie fraîche et passa ses doigts dans ses cheveux mouillés. Puis il frotta son visage dégoulinant en insistant sur son front afin d’effacer de son mieux les traces de l’éraflure. Il lui resterait quand même une petite bosse, qu’il camouflerait sous ses mèches.
Il arriva chez lui le visage rayonnant, les joues rouges et les yeux plus brillants que d’habitude. Ses petits frères prenaient leur goûter autour de la grande table et Adèle beurrait les tartines.Lukas enleva son gilet, retira ses godillots détrempés et chaussa ses sabots. Il dénoua l’aumônière qu’il tendit à sa mère étonnée puis se posta devant la cheminée, le dos tourné vers les flammes pour se sécher un peu.
- J’ai demandé des plantes à la vieille Jeanne… j’ai remarqué que tu as mal à tes mains ; il faut soigner ça…
Adèle avait desserré le lien et fouillait à l’intérieur de la bourse du bout de ses doigts gonflés. Lukas lui expliqua :
- Elle m’a donné des herbes ‘queues de rat’… il faut faire bouillir une poignée dans de l’eau et prendre cinq gobelets dans la journée… c’est bon pour les douleurs des jointures. Et aussi boire en plus un bol d’eau chaque heure.
- Je vais faire comme elle a dit... je deviens une bonne à rien ! dit-elle en soupirant
- Tu dois prendre le remède jusqu’à la prochaine lune pleine… Je retournerai chez la Jeanne cherchez d’autres plantes quand tu auras terminé celles-ci…
- Oui… mais je vais me cacher du père… il trouverait à redire…
Lukas hocha la tête. Il se doutait bien qu’il était préférable de rester discret. Le père Gervais voyait la vieille femme d’un œil plutôt méfiant… Il la prenait pour une sorcière ; d’ailleurs certains affirmaient qu’elle marchait parfois comme une ombre la nuit dans la campagne en parlant aux arbres et chantait des incantations à la lune. Il était définitivement convaincu qu’elle taquinait la diablerie.Pourtant il avait été bien content de la trouver lorsqu’il s’était fait happer le pied par un piège à loup, sept ans auparavant. Elle lui avait évité la gangrène grâce à ses boues miraculeuses et ses herbes bienfaisantes. Bien sûr depuis il boitait car son pied se tordait vers l’intérieur mais au moins il pouvait marcher.
D’ailleurs il reconnut son pas traînant sur le chemin pierreux et il sortit pour aller à sa rencontre. Son père rentrait des hauts champs en claudiquant, son bâton sur l’épaule. Ses sabots heurtaient bruyamment les cailloux qui dévalaient parfois la pente. De l’autre main il portait un panier en bois à couvercle, contenant le lapin qu’Adèle lui avait demandé de rapporter des clapiers. Gervais tapota l’épaule de son fils du bout de son bâton pour le saluer ; les embrassades et les effusions, ça n’étaient pas pour les hommes.
- Eh… mon gars, ça va bien ?!
- Oui mon père répondit Lukas en lui prenant le panier d’une main ferme, puis il avança près de lui sans ajouter un mot.***********
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Par Zébulyne le 9 Décembre 2011 à 20:45
Il avait posé le panier sur le banc et relevé le couvercle. Le lapin agitait lentement son nez et attendait, paisible. Lukas savait que l’animal allait passer à la casserole ; compatissant, il glissa ses doigts dans son pelage, ultime geste de douceur avant la mort. Adèle s’approcha, saisit le lapin par les oreilles et sortit dans le jardin tandis qu’il se contorsionnait vainement au bout de son bras. Lukas qui avait suivi sa mère observait le rituel de la mise à mort. Un coup derrière la tête suffisait pour tuer net. Tenant la bestiole par les pattes arrière, elle leva le bras droit et abattit de toutes ses forces le tranchant de sa main sur la nuque. Mais ses forces amoindries par les douleurs dans ses doigts furent inefficaces.
Le pauvre animal couina et gigota en tous sens. Lukas ressentit une oppression dans la poitrine et il ferma les yeux un instant. Second coup, second couinement. Le lapin convulsait en des soubresauts saccadés en poussant des petits cris répétés. Une douleur brutale traversa la tête du garçon et une lourdeur intense plomba ses épaules. Ce qu’il voyait et éprouvait lui était insupportable, il avait l’impression d’être le lapin, de subir son supplice, de goûter à une petite mort. Il en avait la nausée.
Le père Gervais qui cassait la croûte assistait aux difficultés de sa femme. Il cria :
- Lukas... aide donc ta mère... !!! allez... !!!Celui-ci, en proie à mille tortures, lui cria d’une voix étranglée :
- Je peux pas... Puis il courut vers le fond du potager pour y vomir son dégoût.Gervais se leva en maugréant :
- Qui est-ce qui m’a fichu un fils pareil... quel péteux !!! fillette va... !!Il attrapa le lapin d’une poigne énergique et l’acheva enfin d’un coup sec et précis.
Assis sur le mur de pierres Lukas appuyait ses doigts sur ses tempes. Les douleurs s’estompaient et son esprit s’éclaircissait. Il respira profondément ; il ne comprenait pas ce qui s’était passé. Il avait vu maintes et maintes fois son père ou sa mère rompre le cou d’un lapin avant de lui ouvrir le ventre et le dépouiller. C’était normal, pas de quoi en faire une maladie. Mais cette fois ce qu’il avait vu et ressenti l’avait mis à vif et il en avait encore des tremblements dans tout le corps. Il pensa qu’il lui serait difficile dorénavant de manger de la chair animale.Ce soir là l’heure du repas fut aussi l’heure des railleries pour Lukas. Il était assis face à son père, comme d’habitude. Espérant le vexer afin que celui-ci retrouve un peu de cran, Gervais le traita de poltron, de dégonflé et pour finir de lopette du village’. Même si cela lui fit mal le garçon ne répliqua même pas, laissant son père débiter son flot de sarcasmes.
D’ailleurs que pouvait-il répondre ? C’était vrai, il avait été incapable de surmonter sa sensibilité. Le nez dans son bol de soupe il s’empressait de le terminer afin de quitter la table au plus vite.- Té... ben maintenant tu t’occuperas de tuer les poules et les lapins si tu veux manger... J’vais faire de toi un homme moi... !!!
Content de lui le père éclata d’un rire gras. Lukas le regarda, déconcerté, puis tourna les yeux vers sa mère, cherchant son appui. Soumise comme toujours à son mari, celle-ci resta silencieuse. Elle se contenta de soutenir son fils d’un regard réconfortant.
Les petits ne bronchaient pas et essuyaient l’intérieur de leur bol avec leur pain. Le père, c’était le maître. On se taisait sinon il tapait du poing sur la table. Mais cette fois Lukas se leva et l’affronta. Posant ses deux mains à plat devant lui il se pencha vers son père, planta son regard profond dans le sien et répondit :
- Jamais...
Puis la tête haute il se dirigea vers la porte de devant et sortit avant que le père, interloqué par cette rébellion inattendue, ne réagisse.
Il monta vers le haut du village, tranquillement, les mains dans les poches. Il marchait lentement, sans but précis ; d’ailleurs à cette heure ci où donc pouvait-il bien aller... Déjà les lueurs orangées là-bas au-dessus des grands bois signaient le déclin du jour.
Les bois sombres et ses loups. Blondine la louve. Il était trop tard pour s’aventurer bien au-delà du hameau, dommage. Il y retournerait demain après l’école, et les jours suivants aussi. Il espérait revivre cette expérience incroyable.
Lukas atteignit le puits collectif prolongé par l’abreuvoir destiné au bétail ; il décida de s’y arrêter quelques instants et s’assit sur le rebord du bac creusé dans le granit. Il repensa à l’incident survenu lors du repas, à ses sensations nouvelles éprouvées par l’épisode du lapin. Les moqueries acerbes de son père retentissaient dans sa mémoire.
- Il peut bien dire et penser ce qu’il veut... il n’aura qu’à les tuer lui-même...
Il entendit la porte de chez Louis le maigre s’ouvrir et vit Clothilde sortir sur le chemin. Elle lui fit un signe amical de la main avant de se diriger vers le poulailler dont elle verrouilla soigneusement le battant. Depuis qu’ils savaient les loups revenus, certains paysans prenaient des précautions et enfermaient leurs bêtes chaque soir.Lukas observait la jeune fille qui essayait d’entasser quelques lourdes pierres contre la porte pour la consolider. Elle avait défait pour la nuit sa tresse qu’elle portait habituellement en chignon et ses cheveux très longs ondulaient par vagues au gré de ses mouvements. Il n’était pas habitué à la voir ainsi et se rendit compte qu’elle devenait vraiment jolie. Elle restait plutôt petite mais sa silhouette se transformait, s’arrondissait.
Ils se connaissaient depuis toujours mais se côtoyaient moins depuis qu’elle n’allait plus à l’école ; elle aidait de son mieux ses parents aux travaux de la ferme et sa nouvelle vie l’avait vraiment éloignée des autres jeunes, restés écoliers.Lukas se leva et alla vers elle pour lui donner un coup de main. En s’approchant il lui cria :
- Laisse Thilde je vais le faire, ces caillasses sont bien trop lourdes...
La jeune fille se retourna et essuya ses mains contre son tablier. Elle sourit au garçon et dit :
- Merci... tu es brave... Il manque vraiment un fils à la maison... un frère comme toi...
Elle avait murmuré ces derniers mots. Lukas était son préféré parmi les gars des Forges. Si elle regrettait un peu leurs jeux d’enfants du passé, ça lui plaisait aussi de devenir une petite femme. C’était autre chose, une autre vie, des émotions inhabituelles... c’était bien d’avoir seize ans et le printemps revenait.
- Voilà c’est fait... dit-il en se relevant, un peu gêné des dernières paroles de Clothilde dont il avait parfaitement perçu le sous-entendu.
Elle se tenait tout près de lui et la présence de la jeune fille lui bousculait le coeur. Ses yeux obliques le fixaient et il avait même du mal à soutenir son regard de braise. C’était nouveau pour lui, ça aussi. Il avait presque hâte de rentrer chez lui.- A bientôt Thilde...
- A bientôt Lukas...
Espiègle, elle se mit à rire car elle avait remarqué que les joues du garçon avaient rosi. Puis elle lui attrapa la main en ajoutant :
- Passe à la maison dimanche... je ferai un gâteau aux châtaignes...
Mais Lukas n’entendit pas cette proposition. Au moment même où la main de Thilde étreignait la sienne, un bourdonnement envahissait ses oreilles et des vagues noires obscurcissaient sa vision. Les arbres, les fermes, le puits et les granges se diluèrent puis s’évanouirent pour laisser place à de nouveaux décors.Quelque part devant ses yeux Thilde court sur un sentier boueux... elle se retourne de temps en temps, l’air terrorisé et elle crie... Thilde à plat ventre dans un champ de luzerne, sa robe déchirée et maculée de terre... Thilde se débat dans une eau noire au milieu des nénuphars, et agrippe les joncs à sa portée pour ne pas s’enfoncer plus... Un rire rocailleux surgit de nulle part...
- Lukas... tu m’écoutes...??!!Le visage étonné de Clothilde se redessinait devant lui et les alentours se reconstituaient. Il eut l’impression de revenir d’un cauchemar où il venait d’être catapulté à son insu. Ces images terribles qui s’étaient succédées à une vitesse inouïe lui laissaient un malaise indescriptible. Il secoua la tête et bafouilla :
- Je… je dois rentrer...Il se détourna d’elle et Clothilde le regarda, interdite, dévaler le chemin en courant. Elle se demandait la raison de cette fuite soudaine ; juste avant elle avait vu le regard de Lukas se perdre un instant dans le vague et ses traits se crisper. Elle ne comprenait pas.
‘A dimanche... peut-être...’ dit tout bas la jeune fille. Puis elle marcha vers chez elle les yeux au sol, pensive.
Il monta se coucher directement après avoir embrassé sa mère et sans répondre à Gervais qui buvait l’eau-de-vie assis devant l’âtre. Il lui avait lancé deux mots qu’il avait à peine entendus, de toute façon ce n’était pas le moment que le père en rajoute. Il se sentait bizarre, comme s’il marchait sur un fil et s’attendait à s’étaler par terre de tout son long à chaque instant. Cela lui rappelait le jour où il avait goûté à l’hydromel que le père fermentait dans la remise du potager, et dont il avait abusé au point de se renverser l’esprit.
Son sommeil fut pénible, envahi de mauvais rêves et entrecoupé de moments d’insomnie. Il dû se lever pour se désaltérer et prendre un peu l’air dans le jardin. Les hurlements des loups lui parvenaient par intermittence, déviés et emportés par le vent qui tournait parfois. Il regarda une dernière fois la lune ébréchée et remonta finir sa nuit.*********
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