-
Par Zébulyne le 19 Novembre 2011 à 18:51
Mes yeux sont noirs,
Je marche.
Ton ombre me précède et la mienne d'un air sinistre me suit,
M'épie, attend que je m'effondre
Regarde-la comme elle se languit déjà à me remplacer
Aussi sournoise que toi.
Le soleil m'assombrit un peu plus encore.
De nos blessures,
Un sang obscur tremble et s'épanche médiocrement…
J'ai calmé toutes mes plaies, patiemment les unes après les autres,
Recousues les déchirures d'un fil sale…
Mais les voici fermées jusqu'à la fin.
Je marche, les pieds nus sur ce dégoût qu'il me reste de toi...
Je marche lourdement sur la violence qui nous maintient debout,
Qui m'oblige, qui me tue...
Je marche et te regarderai toujours et longtemps
Droit dans tes yeux
Vides et morts et autant qu'il me le faut...
Je marche,
Et j'ignore avec le plus grand soin chacun de mes regrets.
Et je ne désespère pas Monsieur, que je puisse une nuit
Effacer tout de toi...
Brûler tout en moi et ton plus infime souvenir
Et la plus petite pensée qui te concerne,
Puis rassembler en tas serrés les cendres de tout ceci
Et te les rendre,
Y ajoutant la moindre de tes traces, de tes empreintes,
De ton odeur sur ma peau et sur ma vie...
Je marche
Et je me sens tellement sale de toi
Et de tout ce qui s'y est attaché en bien et en mal...
J'ai tellement froid dans l'âme,
Tellement peur de ne plus pouvoir vivre autrement
Qu'avec ton funeste visage agrippé à moi
Et qui me griffe encore tout à l'intérieur.
Aussi tes souvenirs qui pourrissent sans fin.
Et pourtant sois assuré que je marche...
Le pas bien allongé,
L'allure droite en portant à bout de bras
Toute la fierté qu'il me reste et qui me survit.
Mes yeux sont noirs
Je marche.
Et ton ombre n'y peut plus rien.
Elle restera là dans ses plaintes et ses râles,
N'en finissant plus d'agoniser...
Et je ne me retournerai pas...Stéphanie Kempf
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique