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Les archives inachevées - 1
Je me trouve dans une maison et un orage se déclare. Pourtant, par les fenêtres ouvertes à même le plafond en pente, je vois le ciel bleu et limpide. Il y a quelque qui cloche. On entend des bruits de tonnerre fracassants, et je me dis que ça va être la fin du monde. Un petit enfant qui se trouve dans la pièce avec moi se jette dans mes bras, terrorisé. Je le console, le rassure et le protège en le serrant contre moi. Pour avoir moi-même moins peur, j’ai mis dans mes oreilles des bouchons de cire pour atténuer les bruits du tonnerre. Quelqu’un d’autre se trouve dans la pièce avec nous mais je ne le vois pas : je ne ressens qu’une présence. Celle d’un homme. Et cet homme là m’observe, tranquille.
Réveil.
(rêve )
Il m’a dit : Il faut que tu écrives. Quand tu vas écrire ta vie va complètement changer. Tu n’as qu’à prendre un stylo et ça va jaillir de tes doigts.
Ben peut-être mais pour l’instant c’est surtout de l’eau qui sort de mes mains. Elles sont moites et chaudes, et c’est par moments qu’elles perlent à l’intérieur. Ça va jaillir tout seul, ça va jaillir tout seul… Il en a de bonnes !
Pas d’inspiration. Je n’ai que mes rêves nocturnes à transmettre, des pensées baroques et incongrues, mes fantasmagories loufoques et quelques souvenirs qui rôdent dans un cagibi poussiéreux de ma mémoire. Mais si peu de souvenirs que c’est à se demander si j’ai un passé. Je parle du passé lointain, celui de mon enfance, quand j’étais une toute petite gamine de rien du tout.
Malgré ce vide c’est décidé voici :
« Les archives inachevées de Mlle K. »
Je veux l’alcool et la clarté d’Esprit.
Je veux la gourmandise et la grâce du Temple.
Je veux le dangereux, je veux le profitable.
Je veux le désordre et le bien établi.
Je veux les ténèbres mais aussi la lumière.
Je veux tout le meilleur,
Mais aussi le pire.
J’ai retrouvé le cagibi poussiéreux. Je me tiens devant la porte faite de lattes de bois mal assemblées et retenue à son montant par une cordelette nouée négligemment. Elle grince un peu sur ses gonds quand je la tire, juste pour ‘voir’. Le nœud se défait tout seul et la porte s’ouvre sur un bric à brac indescriptible de boîtes et coffrets de toutes sortes. Il faut que j’entre là-dedans, il le faut. Il n’y fait même pas sombre ; il y a des îlots de lumière par-ci par-là et j’y verrai assez pour mon exploration. Et la poussière, je n’aurai qu’à souffler dessus pour la disperser.
Les boîtes. Boîtes à Malices, boîtes de Pandore et boîtes Archives.
Bon courage. Quand faut y’aller faut y’aller.
Je me saisis d’une première boîte, prise au hasard.
Au hasard… tu en es sûre ?
Cette boîte est presque déjà ouverte et elle est mouillée. Je vois de l’eau à l’intérieur, elle menace même de déborder. L’eau. J’ai peur de l’eau, il suffit que je sente de l’eau couler sur mon visage et je perds pieds. J’ai pourtant appris à nager mais rien n’y fait ; je ne maîtrise pas du tout cet élément.
C’est un rêve que j’ai fait très souvent. Je me trouve dans une maison et j’ai peur. Par les fenêtres fermées de façon étanche, je vois l’eau monter, lentement. Elle est un peu verte et fait des remous. Je crois qu’il pleut à torrents dehors. L’eau monte et j’ai peur. Cette eau c’est la MORT alors que l’eau devrait être la vie. Qu’est-ce que je vais devenir ? Il y a des gens dehors, malgré l’eau qui monte. Sont-ils en train de se noyer ? Je veux appeler mais aucun son ne sort de ma bouche. Je suis seule là-dedans, je crie, je hurle et on ne m’entend pas car mes cris sont muets. Je crie pour rien et j’ai peur. Je vais mourir, c’est sûr je vais mourir et tout le monde s’en fout. Et si on voulait me tuer… ?! Oui c’est ça… quelqu’un veut me tuer. Je suis en prison là-dedans et on veut me tuer. Laissez-moi, je ne veux pas mourir. Ma mère, pourquoi ne veux-tu pas de moi ? Pitié, j’ai peur, laissez-moi vivre. Ma mère, qu’es-tu en train de faire ?
Je mets cette boîte de côté. Il faudra que j’y retourne, je le sais, de gré ou de force, mais là je ne peux plus. Je sors du cagibi la gorge étranglée.
J’ai envie de vomir, j’ai envie de pleurer, j’ai mal à l’intérieur, j’ai mal à mon fœtus. Je passe devant un miroir, je ne peux même pas me regarder. Je ne suis pas seule aujourd’hui, et je me garde cette souffrance au fond de moi. Juste des larmes aux yeux. Si j’étais seule à cet instant je me l’arracherais du cœur cette épine plantée, je hurlerais mon chagrin à me rouler par terre. Je me ramasserai en boule en demandant grâce.
Pour que ça s’arrête, pour que ça s’arrête.
(dimanche 17 juillet)
Tags : archives, mémoires, souvenirs
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Commentaires
Merveilleux blog! Par sa présentation qui demande un savoir-faire que je n'ai pas! Par sa richesse, la variété des propositions, j'en raffole!
L'histoire, le style me rappellent une femme qui écrivait magnifiquement mais qui est partie de blogorama!
Est-ce toi?
Zébuline, c'est toi qui est venue chez moi, dans un petit blog de début sans attrait, mais c'est moi!
Je suis d'ors et déjà une accro à ton histoire:il faut simplement que je me rappelle où je l'ai piochée dans ton bric à brac!
A bientôt
Gigi
Coucou Gigoulette ! Je me souviens avoir visité souvent ton blog de blogspace ; j'ai du abandonner les miens depuis deux ans dejà car c'était devenu impossible d'y rajouter des articles. Changer de plateforme demande juste un peu d'acclimatation et d'habitude. Au fil de mes balades sur Eklablog j'ai vu des blogs vraiment très beaux.
Tu as commencé à lire "Les archives inachevées de Mle K", mais il y a aussi deux autres écrits : 'Lukas, coeur de loup' et 'Passion douce-amère'.
Merci d'avoir poussé ma porte et je te laisse découvrir mon bric-à-brac si le coeur t'en dit
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Bonjour
Joli Blog Z&buline
Merci pour ta visite
Bonne journée
Amicalment
Sophie