• Noël surprise et confidences

     

    Christophe est avachi sur sa chaise, à la table de la salle à manger. Le réveillon n’en finit pas, et les invités prolongent le repas par des conversations interminables. Par instants il rit avec les autres, et il leur a même parlé un peu de Krystal. Depuis il pense à elle, l’imaginer seule ce soir le tracasse et il se rend compte qu’il n’a qu’une envie : quitter cette table, sauter dans sa voiture et aller la rejoindre. Et même si elle est habituée à l’isolement, son cœur à lui a du mal à l’accepter. C’est Noël quand même… Il mettra un moment à se décider.

     

    D’un coup il saisit son téléphone et l’appelle.

    - Réponds, se dit-il, réponds… 

    Il admet qu’il est super tard, déjà près de trois heures du matin, mais il espère. Son coeur se met à vibrer quand enfin il entend sa voix.

     

     

    Krystal, toujours devant son cahier, avait posé sa tête sur ses bras repliés sur la table. Les images muettes diffusées par la télé avaient fini par l’endormir.

     

    La sonnerie du portable la réveilla en sursaut. Elle fut surprise de reconnaître la voix de Christophe.

    - C’est moi... tu dormais...?! excuse-moi...

    - Non c’est rien... ça se passe bien ?

    - ....je peux venir... ?

     

    Quelques secondes de flottement.

    - ...si tu veux...

     

    Il quitta tout le monde sans traîner et ses parents se regardèrent d’un air entendu. Il mena sa voiture dans un train d’enfer et arriva chez Krystal le temps de le dire.

    Elle reconnu de suite le moteur de sa voiture quand il arriva. Il débarqua chez elle avec un paquet au papier bleu irisé et semblait déborder de tendresse en la serrant dans ses bras.

    - J’avais très envie de te voir… on ne s’est pas vu souvent ces derniers temps... Tiens, c’est pour toi…

     

    Chamboulée, elle posa le paquet sur la table et alla chercher celui destiné à Christophe.

    - Echange de bons procédés lui dit-elle avec un doux sourire.

     

    Ils rirent car chacun découvrit un pull. Krystal reçu un ravissant pull en laine velours noir, qu’elle passa immédiatement. Toute cette noirceur faisait ressortir son teint de porcelaine et l’abîme de ses yeux clairs. Christophe adora son cadeau, elle avait bien choisi la couleur. Bisou-bisou de remerciement.

    - …ça me fait très plaisir…

     

    Il regardait Krystal plantée devant le miroir de l’entrée qui vérifiait l’effet de ce pull sur elle. Il se frottait le menton du bout de ses longs doigts.

    - Mais dis moi ;  je repense à l’autre soir… tu es partie bien vite après le concert… !!!

    - Je n’ai pas voulu te déranger en si bonne compagnie répliqua-t-elle du tac au tac.

    - …attention, tu redeviens amère… je te préfère quand tu es douce… Douce-Amère la bien nommée murmura-t-il comme pour lui-même.

    - Désolée… tu as raison… je suis chiante… s’excusa-t-elle en revenant vers lui.

     

    Ils se tenaient debout près de la table, et le regard de Christophe après s’être attardé longuement dans celui de Krystal, tomba sur le cahier ouvert. Il lut le dernier poème.

    - J’aime beaucoup tes poèmes... je peux regarder... ?

    - Si tu veux... mais pas tout...

     

    Il feuilleta le cahier, flânant plus longuement sur certaines pages. Krystal en avait illustré quelques unes à l’encre de chine. Il tournait la tête vers elle dès qu’il avait lu une page. Ne voulant pas avoir l’air d’abuser, il referma enfin le cahier.

    - C’est beau… magnifique et ténébreux à la fois ; à ton image quoi… Qui es-tu réellement… ? Tu ne te dévoiles pas ou alors tu débordes, tu es l’ombre et la lumière en même temps, capable du meilleur comme du pire j’en suis sûr… Parles-moi de toi vraiment… permets-moi de te connaître mieux…

     

     

    Il lui tenait les mains et pressait ses doigts dans les siens ; il attendait d’elle qu’elle se livre enfin. Alors devant son insistance elle se mit à parler de ce qui avait fait sa vie jusqu’à présent et qui avait construit celle qu’elle était aujourd’hui. Elle y allait à petits pas, à mots confiés avec pudeur, et Christophe posait de temps à autres quelques questions pour mieux comprendre. Elle parla également de leur rencontre, lui avoua qu’elle n’avait pas craqué pour lui au premier instant, mais que cela s’était produit plus tard, à la Planque. Mais elle ne précisa pas qu’elle était tombée amoureuse comme on tombe gravement malade et qu’elle avait vu depuis s’écrouler ses remparts pierre par pierre, la laissant ainsi sans aucune défense.

     

    Installés dans le canapé, ils n'avaient jamais autant bavardé, épaule contre épaule et pieds mêlés. C'est main dans la main qu'ils s'endormirent au point du jour. Vers midi Christophe dû s'en aller à contre coeur car il avait un autre déjeuner en famille. Il était plus qu'en retard. 

     

     

     

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