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     A toi le jeune étranger qui est passé dans mon ciel d’automne comme une étoile filante, un soleil éblouissant…
    A toi qui a soufflé une brise de renouveau sur les braises de ma jeunesse moribonde, attisé la soif de vivre un peu plus fort, d’aimer une dernière fois. Merci.
    Merci pour cette claque de jeunesse, pour ce tourbillon de fraicheur et la douceur de tes regards. 
    Merci de m’avoir prouvé que mon cœur n’était pas mort et mon corps juste engourdi.
    Pour quelques heures seulement, quelques fragments de temps reçus comme un cadeau.
    J’ai chancelé à ton passage, perdu pied à ton départ, tremblé de ce vide pourtant si familier.
    Libère-moi de ton souvenir et ne reviens jamais. L’océan devrait être suffisant pour y noyer mon trouble et mon tourment.
    Il le faut.
    Je dois regagner ma bulle de solitude, mon désert, mon rien.

    11 octobre 2019

     


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    ...Je passe...
    Je suis la femme transparente,
    Celle qu’on efface sans bruit,
    Et qui s’en va comme l’eau fuit,
    Pâle à trente ans comme à soixante.

    Je suis la femme murmurante,
    Qui propose son faible appui,
    Et cause juste un brin d’ennui,
    Aux esprits libres qu’elle hante.

    Pour ces êtres auxquels je tiens,
    Je continue à n’être rien,
    Qu’une tranquille parenthèse.

    Quand j’expose mon coeur blessé,
    Ils coupent court : "Ça va passer !"
    Il est plus doux que je me taise.

    ...Je casse...
    Je suis la femme aux nerfs de verre,
    Mal installée dans ses tessons,
    Moitié fakir moitié trouvère,
    Toujours bancale en ses chansons.

    Je suis la femme à l’air sévère,
    Qui ne comprend rien aux leçons,
    De l’existence, et persévère,
    Dans l’entretien de ses frissons.

    Je suis l’échappée du naufrage,
    Qui se hâte vers le rivage,
    Pour se noyer dans un sanglot.

    Je suis la femme de baudruche,
    Qui fait toujours un peu l’autruche,
    Sous la plume de son stylo.

    Marie-Anne Bruch


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  • Sans titre

    Ecoute ce que je ne dis pas, je t'en prie

    Ne te laisse pas tromper par moi.
    Ne te laisse pas tromper par le visage que je porte,
    car je porte un masque, mille masques,
    masques que j'ai peur d'enlever,
    et je ne suis aucun d'entre eux.
    Faire semblant est un art qui est une seconde nature pour moi,
    mais ne sois pas dupe,
    pour l'amour de Dieu, ne sois pas dupe.
    Je te donne l'impression que je suis sûr,
    que tout est bien et sans problème avec moi, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur,
    que je suis la confiance même et que je plane au-dessus de tout,
    que l'eau est calme et que je suis bien aux commandes
    et que j'ai besoin de personne,
    mais ne me crois pas.
    A la surface, je suis lisse et sans faille, mais ce n'est que mon masque,
    toujours différent et toujours caché.
    En dessous, il n'y a aucune complaisance.
    En dessous résident la confusion, la peur et la solitude.
    Mais je les cache. Je ne veux pas que quiconque le sache.
    Je panique à l'idée que ma faiblesse soit exposée.
    C'est pourquoi, je crée avec frénésie un masque pour me cacher derrière,
    une façade nonchalante et sophistiquée,
    pour m'aider à faire semblant,
    pour me protéger des regards qui savent.

    Mais ce regard est précisément mon salut, mon seul espoir,
    et je le sais.
    S'il est suivi par l'acceptation,
    et s'il est suivi par l'amour.
    C'est la seule chose qui puisse me libérer de moi-même,
    des murs de la prison que j'ai érigés moi-même,
    des barrières que j'ai dressées avec tant d'efforts.
    C'est la seule chose qui puisse m'assurer
    de ce que je ne peux m'assurer par moi-même,
    que j'ai vraiment une valeur.
    Mais je ne te le dis pas. Je n'ose pas, j'ai peur de le faire.
    J'ai peur que ton regard ne soit pas suivi d'acceptation,
    ne soit pas suivi d'amour.
    J'ai peur que tu penses moins de moi,
    que tu ries et tes rires me tueraient.
    J'ai peur, qu'au fond, je ne sois rien,
    que tu le voies et me rejettes.

    Donc, je joue mon jeu, un jeu désespéré à faire semblant,
    portant sans assurance une façade
    et un enfant tremblotant à l'intérieur.
    C'est ainsi que débute la belle, mais irréelle parade des masques,
    et ma vie devient une façade.
    Je bavarde avec toi de manière suave de sujets éphémères.
    Je te dis tout de rien,
    et rien de ce qui est tout,
    de ce qui pleure à l'intérieur de moi.
    Alors, quand je passe à travers mon scénario
    ne te laisse pas berner par cette sérénade.
    S'il te plaît, essaye d'écouter attentivement et écoute ce que je ne te dis pas,
    ce que j'aimerais être capable de te dire,
    ce que j'ai besoin de te dire pour survivre,
    mais ce que je ne peux dire.

    Je n'aime pas me cacher.
    Je n'aime pas jouer les jeux superficiels.
    Je veux arrêter de jouer.
    Je veux être authentique, spontané et moi-même,
    mais tu dois m'aider.
    Tu dois me tendre la main
    même si c'est la dernière chose que je semble vouloir.
    Tu es la seule personne qui puisse effacer de mes yeux
    le regard vide d'un mort vivant.
    Tu es la seule personne qui puisse m'inviter à la vie.
    Chaque fois que tu es aimable, doux et encourageant,
    chaque fois que tu essaies de comprendre parce que tu portes attention,
    mon coeur commence à avoir des ailes qui poussent -
    de très petites ailes,
    de très faibles ailes,
    mais des ailes !

    Avec ton pouvoir de toucher et de me faire sentir,
    tu peux m'insuffler la vie.
    Je veux que tu le saches.
    Je veux que tu saches combien tu es une personne importante pour moi,
    comment tu peux être un créateur - un créateur fidèle à Dieu -
    de la personne que je suis
    si tu le choisis.
    Toi seul peux briser le mur derrière lequel je tremble,
    toi seul peux enlever mon masque,
    toi seul peux me libérer de mon monde ombragé par la panique,
    de ma prison solitaire,
    si tu le choisis.
    S'il te plaît, choisis-le.

    Ne passe pas à côté de moi.
    Ça ne sera pas facile pour toi.
    Plusieurs années à croire que je ne vaux rien ont érigé des murs très solides.
    Plus tu approches de moi
    plus je peux combattre aveuglément.
    C'est irrationnel, mais en dépit de ce que les livres disent sur l'homme,
    je suis souvent irrationnel.
    Je lutte précisément contre la chose dont j'ai besoin.
    Mais on dit que l'amour est plus fort que les murs
    et c'est là que réside mon espoir.
    S'il te plaît, essaye d'enfoncer les murs
    avec une main ferme, mais douce,
    car un enfant, c'est très sensible.

    Qui suis-je, tu te demandes peut-être ?
    Je suis quelqu'un que tu connais très bien.
    Car je suis chaque homme que tu rencontres
    et je suis chaque femme que tu rencontres.

    Charles C. Finn, Septembre 1966, Please Hear What I'm Not Saying

     


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