• Revirement

    Dimanche 29 octobre 06 – 23h40

    - Allo, c’est Krystal...

    Christophe au volant de sa voiture rentre sur Paris. Il n’ose croire à la voix dans son oreille, enfin elle lui téléphone.

    - Bonsoir, c’est gentil d’appeler, tu vas mieux ?

    - J’ai envie de te voir.

    Quoi ? Comment ? Là pour le coup il est plus que surpris.  C’est qu'il rentre chez lui... Et c’est un renversement de situation brutal qui le déstabilise un peu. Mais au fond il est très tenté.

     

    - T’es où ? comment veux tu qu’on fasse ? Je suis dehors là, sur les périphériques à la Villette.

    - Passe à la maison si tu veux, je vais t’expliquer pour le trajet...

     

    Amusé par la tournure des choses il accepte et attend les consignes. Vive l’imprévu.

    - Tu prends l’autoroute à la Porte de Bercy, puis la A86. A ce moment là tu me rappelles et je te guide en direct. Tu veux ?

    - D’accord. A tout’.

     

     

    00h15

    Il vient d’arriver. Elle a entendu la voiture se garer juste sous sa fenêtre comme elle lui a conseillé. Dans deux minutes il va sonner à l’interphone. Elle jette un coup d’œil autour d’elle. Tout est nickel ; elle a eu le temps vers la fin de l’après-midi de nettoyer et de ranger l’appartement.

    Elle s’est détendue dans un bon bain, a passé un jean et un tee-shirt tout simple. L’halogène du salon diffuse une lumière timide. Elle guette derrière le rideau de la cuisine et le voit descendre de voiture... ça y-est, son coeur bat la chamade et explose au moment où il sonne. Elle déverrouille l’entrée principale et attend. Les minutes lui semblent interminables... Enfin elle entend l’ascenseur s’arrêter à son palier et elle ouvre sa porte. Christophe en sort et se dirige vers elle, une main dans la poche avant de son jean. Ses lèvres esquissent un petit sourire et son regard semble interrogateur. Elle s’écarte pour le laisser entrer et referme la porte.

    - Bonsoir toi... lui dit-il en la regardant par-dessus ses lunettes.

     

     

    Elle lui fait face et son visage, noyé dans sa chevelure brune lui paraît vraiment très pâle. Ses grands yeux gris semblent encore plus clairs et l’éclaboussent. Elle est là devant lui, diaphane, presque vulnérable, comme en danger.

    Décrochant son regard du sien elle s’avance vers lui et pose son front sur sa poitrine.  Ses doigts rassemblés sous son menton se posent un à un sur sa chemise comme pour se prouver qu’il est bien là.

    Désarmé de la sentir si fragile, il l’entoure de ses bras et la serre contre lui en l’embrassant sur la tempe.

    - J’ai bien cru que je ne te reverrai pas... finit-il par lui dire

    - Moi aussi... mais ça c’est pas possible   répondit elle dans un souffle

    Enfin il est là tout près d’elle et elle s’apaise.

     

    Comment ne pas se sentir rassurée dans ses bras qui l’enlacent, comment ne pas se sentir aimantée... Elle se hausse un peu pour embrasser sa bouche en cœur et lui frôle tendrement les lèvres. Elle savoure son émoi et ses doigts jouent avec ses mèches dans son cou. Il se laisse alors conquérir par ses mains errant dans son dos. Ils savent qu’ils ne pourront résister davantage.

    Alors elle lui prend doucement le bras et lui dit presque avec pudeur :

    - Viens...

     

    Conquis, il se laisse entraîner vers son repaire et elle referme les portes coulissantes.

     

    Depuis le matin Krystal se sent réduite à l'état de guimauve. Elle relit la dernière page sur laquelle elle vient de déposer quelques rimes qui débordaient de son trop plein de tendresse. 

     

     

     Laisse moi te conter

     Mon cahier à spirales,

    Certains de nos secrets

    Sur tes pages amicales.

    Laisser peindre mon coeur

    Son amour d’aquarelle

    Aux couleurs du bonheur

    Aux reflets d’arc-en-ciel.

    Laisse moi te confier

    Son émoi qui chancelle,

    Lorsque je l’ai défié

    Aux flammes des chandelles.

    De son regard de feu

    A mon regard de brume

    S’est lié un aveu,

    Une alliance à la plume.

    Laisse moi repenser

    Ses vagues sur mes dunes,

    Et souffler un baiser

    Comme fuse l’écume.

     

     

     

     

     

    Lundi 30 octobre – 18h50 

    Christophe se lève et sert la main du parolier Jean-Stéphane qui s’apprête à partir. Un bon feeling a fait se dérouler leur rendez-vous à merveille et travailler avec lui devrait être très créatif. Nouvel auteur, nouveau talent, c’est lui-même qui a sollicité le jeune chanteur. Deux de ses textes quelque peu déjantés l’ont séduit et Christophe les a retenus. Les essais effectués lui semblent concluants, et là il se sent particulièrement ‘au taquet’.

    Satisfait il s’assied au clavier et ses doigts entament un air indéterminé. Il se souvient des rimes écrites par Krystal et il se met à chanter. Alors de son coeur naît une mélodie que ses doigts impriment sur les touches. Il recommence encore et encore, presque étonné de lui-même. Une chanson est en train d’éclore, une ballade qui attendait là, à l’affût de son amour naissant et qui lui semble tellement évidente. Il rit tout seul et récidive. Il en est pratiquement sûr, il tient sa onzième chanson. Et il faudra bien qu’ils soient tous d’accord.

    Il s’attarde sur les touches pour travailler encore et encore jusqu’à ce qu’il juge être la perfection. Il joue mais son esprit fugueur s’évade et retourne là-bas, chez Krystal.

    Elle avait allumé une bougie après avoir fermé les portes coulissantes et leurs ombres tanguaient sur le mur. Ils avaient pris tout leur temps pour s’apprivoiser l’un l’autre. Elle était une île inconnue à découvrir, il était un empire à explorer, Lui la vague sur ses dunes et elle l’amazone insatiable de nouvelles conquêtes. Consumés par leur passion ils accueillirent l’aurore et le sommeil. Krystal ferma ses yeux, emprisonnant dans ses cils le visage de Christophe toujours penché sur elle.

     

     

    « Mille et une questionsLe cahier à spirales »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :